mercredi 2 novembre 2011

Le Japon À L'Unesco

Alors que l'accession de la Palestine à l'UNESCO a fait beaucoup de bruit dans les médias, l'accession de l'île japonaise de Hokkaido à notre Unesco percheron est passée relativement inaperçue.
L'événement est pourtant de grande importance... pour le monde percheron français. Depuis l'étalon Ménésis du Moulin en 2002, aucun percheron mâle ou femelle n'avait posé les sabots sur la terre nipponne.
La délégation japonaise en visite en France à la période du Mondial percheron avait fait savoir qu'elle était mandatée pour l'achat de deux mâles, un breton et un percheron.
Après plusieurs visites chez des éleveurs de chevaux mâles (Michel Paris, Jacky Lorenzo et Michel Lepoivre), et après avoir suivi le concours des mâles au haras du Pin, les Japonais ont fait connaître leur décision le soir de ce concours.
L'heureux élu s'appelle Unesco de Theuret, un mâle de 3 ans de l'élevage Michel Paris en Mayenne. Unesco de Theuret est né chez Catherine & Raphaël Breton à Bonnétable dans la Sarthe. L'arrivée d'Unesco sur le sol japonais n'a pas tardé puisque c'est mercredi dernier, le 26 octobre, qu'il a foulé le sol de Hokkaido.

  • Les 4 photos précédentes (fournies par l'élevage Michel Paris) : Unesco au pré et Unesco au concours des mâles lors du Mondial.

La délégation japonaise était composée de 3 membres et d'un traducteur, spécialiste du cheval. Parmi ces 3 membres, monsieur Yosihiro Kubo (à droite sur la photo avec les 2 ans de Michel Paris), le responsable des chevaux de trait de la ferme d'état de Tokachi Station au nord de Obihiro dans l'île de Hokkaido.

  • Monsieur Yosihiro Kubo (à droite sur la photo) dans les prairies de la ferme d'état de Tokachi Station.

Cette ferme de 4000 hectares est un réservoir génétique de très nombreux animaux de ferme de toutes sortes. Les chevaux de trait sont représentés par 2 races, les percherons et les bretons qui composent un troupeau d'environ 70 poulinières. Les deux races étant en nombre sensiblement égal.

Unesco de Theuret, tout comme Uléma du Souken, l'étalon breton choisi par la délégation, va donc intégrer la ferme de Tokachi où il se consacrera à la reproduction. Trois ou quatre étalons de chaque race servent les poulinières de cette ferme ou sont placés en dépôt dans des élevages privés pour saillir les juments des fermes des alentours. Alors que la ferme d'état travaille en races pures, les éleveurs privés procèdent à de nombreux croisements bretons/percherons.

Il y a fort à parier qu'Unesco de Theuret sera pendant quelques années au service des juments percheronnes de la ferme d'état, avant peut-être d'être placé chez des éleveurs privés.

Avant leur visite, les Japonais avaient fait savoir qu'ils étaient à la recherche d'un étalon de type trait, on pourrait même dire très trait, et exempt de sang américain.

Il m'a semblé que la délégation japonaise aurait souhaité voir un plus grand nombre de percherons correspondant à ces critères. Mais ils ont dû se rendre à l'évidence : le percheron n'est plus ce qu'il était.

Leurs exigences sont bien évidemment dictées par les débouchés, au nombre de deux, qui s'offrent aux chevaux de trait au Japon : les courses de baneï et la boucherie.

En grande difficulté en 2006-2007 (arrêt des courses pendant plusieurs mois), les courses de baneï se déroulent 3 jours par semaine, les samedi, dimanche et lundi, sur l'hippodrome de Obihiro. Grâce à un investisseur privé, les courses semblent pour l'instant tirées d'affaire. Le baneï concerne environ 600 chevaux, presque tous des croisements bretons/percherons et belgians américains importés pendant une période au Japon, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

Les courses, qui font l'objet de paris, sont au nombre de 12 par réunion. Jockeys professionnels, une trentaine dont quelques femmes, et entraîneurs sont tous concentrés autour de l'hippodrome de Obihiro où les entraînements débutent tous les matins à 4 heures.

  • Vente aux enchères de Otanoshike.
Second débouché pour les chevaux de trait : la boucherie. Si les chevaux sont élevés dans l'île de Hokkaido, la viande est consommée dans le sud du pays et dans les grandes villes. C'est un produit de luxe dont le prix varie entre 70 et 150 € le kilo. À l'occasion des ventes aux enchères assez fréquentes qui alimentent ce marché, un poulain de l'année peut atteindre 3000 € et les juments d'âge atteignent parfois 6500 € (à mettre en rapport avec le niveau de vie local plus élevé qu'en France). La majorité des chevaux de trait proposés à la vente sont des croisements percherons/bretons.

  • Éleveur de chevaux de trait à la vente aux enchères de Otanoshike.
À l'entrée de l'hippodrome de Obihiro, une statue de Iréné, le premier percheron à avoir foulé le sol japonais, le 23 novembre 1913. Iréné était né chez monsieur Marchand le 24 mars 1908 à Almenèches dans l'Orne.
Demain, sur ce blog, des photos de Uléma du Souken, l'étalon breton parti au Japon avec Unesco de Theuret.

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