vendredi 9 décembre 2011

La Bretagne, Les Pieds Dans L'Eau

Sans doute fatigués par une semaine à arracher des lauriers-palmes du côté de Plougastel, Jean-Jacques et Vincent Séité avaient décidé de s'offrir une semaine de repos "les pieds dans l'eau". Une petite cure de remise en forme, en quelque sorte.
Oscar, le fidèle trait breton qui est toujours dans les bons coups, les accompagnait.
La publicité vantait "le site naturel d'une grande beauté au bord de la Penzé, petite rivière côtière du Léon dans le nord Finistère". Extrait encore de la pub : "Avec des truites fario, des truites de mer, et des saumons par centaines".
C'est donc sereins et enthousiastes que les trois compères sont arrivés du côté de Saint-Thégonnec. Jean-Jacques et Vincent avaient apporté leurs cannes à pêche et Oscar entendait bien jouer la tondeuse dans les prairies avoisinantes.
Les débardeurs bretons ont vite déchanté. Si la Penzé était bien poissonneuse, elle était aussi envahie par des embâcles monumentaux et les rives transformées en ronciers étaient pratiquement inaccessibles.
Jean-Jacques, Vincent et Oscar auraient pu se plaindre, faire appel à une association de défense des consommateurs. Pas du tout. N'écoutant que leur courage, ils ont décidé d'offrir un sérieux toilettage à la Penzé, avec l'accord du Syndicat mixte du Haut-Léon en charge de l'entretien de la petite rivière qui prend sa source à Plounéour-Ménez avant de se jeter dans la baie de Saint-Pol-de-Léon après une divagation de 35 km.
Oscar, toujours courageux, a tenu à prêter... main forte à ses potes.
L'entretien des rivières est apparu dans le registre professionnel des débardeurs au cheval dans les deux ans qui ont suivi la grande tempête de 1999.
C'est dans le centre de la France (Corrèze, Dordogne, Haute-Vienne...) que des débardeurs comme Florent Daloz puis Jean-Yves Boudin et quelques autres ont réussi à convaincre des Syndicats de gestion de rivières que le cheval était une solution. Après la tempête, les petites rivières encaissées de la région étaient dans un état déplorable, disparaissant par endroits sous un couvert d'arbres enchevêtrés.
Le travail au cheval en rivière s'est développé, dans les années qui ont suivi, dans cette région du centre de la France mais aussi dans certaines régions du Sud-est et en Bretagne où Serge Lelouarn dans les Côtes-d'Armor est devenu coutumier de cette activité.
On comprend aisément que le travail au cheval en rivière est une activité très technique, difficile, qui n'est pas exempte de dangers et qui demande de la part des débardeurs et des chevaux un grand professionnalisme. Des situations compliquées nécessitent parfois l'utilisation d'un système de mouflage (emploi de câbles) avec des poulies de rappel pour sortir des troncs "plantés" dans les rives.
L'entretien de rivières ne consiste pas à tout arracher sur son passage mais à opérer une sélection fine de ce qu'il convient d'éliminer et de ce qu'il faut laisser en place, par exemple pour maintenir des zones d'ombre nécessaires à la vie piscicole.
Certaines régions se prêtent plus facilement que d'autres à cette activité. Une raison est évidente. Il faut que les rivières traversent des zones boisées. Ce qui n'est pas toujours le cas, par exemple en Normandie où le plus souvent elles serpentent dans des zones de prairies faciles d'accès. Dans ce cas, les quelques zones boisées, de taille modeste, sont le plus souvent travaillées avec des moyens mécanisés ou parfois à la main par des équipes de personnes en insertion.
Grand espoir du débardage au cheval il y a quelques années, le travail en rivière marque un peu le pas. "Problème de financement", nous dit-on. Mais il semble aussi que beaucoup de rivières ont été réhabilitées, et ne nécessitent plus maintenant qu'un entretien périodique moins conséquent, tous les cinq ans environ.
Jean-Jacques, Vincent et Oscar ont mis une semaine complète pour remettre en état le lit de la Penzé sur une longueur d'environ 3 km. Quand le travail a été fini, il n'était plus temps de penser au farniente "les pieds dans l'eau". Un nouveau chantier d'arrachage, de houx cette fois, les attendait du côté de Locronan.

2 commentaires:

SYLVIE a dit…

SUPER ! C EST VRAIMENT BEAU J AIMERAI BIEN LE VOIR AU TRAVAIL EN REALITE

Anonyme a dit…

Je suis d'accord avec le commentaire de Sylvie ! Welcome back ! C'est super de vous avoir de retour, je supporte mieux la tête de mon patron aujourd'hui.