dimanche 4 mars 2012

Que La SFET Commence !

C'est le coeur joyeux que, ce jeudi 1er mars, je pénétrais dans l'enceinte protégée du Salon. J'allais assister en direct à la naissance programmée de la petite STAF. Cela fait déjà deux ans qu'à mots couverts on nous annonce un possible heureux événement.
Mais en retrouvant les parents, France Trait et France Ânes & Mulets, j'ai compris que quelque chose ne s'était pas bien passé.
"La STAF est morte avant même d'avoir vu le jour", m'a annoncé la maman dans un grand sourire. Devant mon air incrédule et ma mine défaite, la maman rayonnante m'a tout de suite rassuré.
"On s'est mis à trois pour faire le bébé. Du coup, on n'est plus d'accord sur le nom".
Mon équilibre mental mis à mal par ces révélations troublantes, je me suis accordé quelques minutes de réconfort avec un bon café chez mes amis percherons, Brigitte Léon m'accueillant avec cette question :
"Tu y vas, à l'accouchement de la STAF ?".
"Comment, tu n'sais pas ?", lui ai-je répondu. "La STAF est morte".
À ce moment-là, j'ai vraiment regretté le temps où les traditions étaient respectées et où tout café était accompagné d'un bon Calva...

  • Signature officielle de l'acte de naissance de la SFET (photo Olivier Bernard).

L'histoire oubliera que c'est dans la cuisine des Ardennais que l'accouchement a eu lieu. Les trois parents étaient là : France Trait, France Ânes & Mulets, et la Fédération des chevaux de territoire. Après quatre jours de palabres, tous avaient décidé que l'heure de l'accouchement de confort était venue.

Plutôt que de vous décrire le nouveau-né, je préfère laisser les parents vous lire eux-mêmes l'acte de naissance :

"Les trois fédérations nationales France Trait, Fédération des Chevaux de Territoire et France Ânes et Mulets, ont créé la Société Française des Équidés de Travail ce jeudi 1er mars 2012 profitant du Salon de l'Agriculture. Ce sont maintenant 23 races françaises d'équidés à vocation agricole qui s'unissent, marquant ainsi leur fort ancrage au monde rural, à ses territoires et à ses utilisations. La nouvelle société est un outil dédié au développement économique et à l'organisation de la filière. Elle se positionne comme partenaire naturel des trois autres sociétés mères du monde du cheval et sera l'interlocuteur des institutions européennes et nationales".

  • Chevaux camarguais lors de Franche-Comté-Terre-de-Trait 2010.

La Société Française des Équidés de Travail ! La SFET ! Pas mal !

Un nom qui autorisera quelques bons mots. Par exemple : "Que la SFET commence !".

Je ne vais pas vous faire un long discours sur ce bébé qui me paraît encore à l'état embryonnaire. Je vais plutôt vous raconter quelques épisodes de l'accouchement.

Les parents, d'abord.

France Trait, la fédération qui rassemble les 9 races de trait françaises.

France Ânes & Mulets, la fédération qui rassemble les 7 races d'ânes reconnues depuis 2002.

La Fédération des chevaux de territoire, qui regroupe merens, pottoks, castillons, camargues, corses, hensons, et... la reconnaissance venue dans quelque temps, le cheval d'Auvergne.

Donc, 23 races françaises d'équidés réunies sous une même bannière.

Pierre Pasdermadjian, le président de France Trait, a expliqué les raisons de ce qui apparaît à beaucoup comme un étage supplémentaire à la fusée.

"L'État veut un seul interlocuteur. Nous n'avons pas d'autre choix que de nous structurer".

Jean-Louis Cannelle, à qui rien de ce qui concerne le cheval de travail n'est étranger, a enfoncé le clou.

"Il faut une vraie définition de la filière pour arrêter de faire la quête à droite et à gauche. Nous devons avoir des objectifs clairs".

Avec, en cours d'élaboration, les Plans régionaux d'agriculture durable, la redéfinition de la politique agricole européenne, et une remise à plat de la politique d'une partie de la filière équine nationale, la filière du cheval de travail, confortée dans sa vocation agricole, a donc tout intérêt à se montrer unie.

"Tant que nous ne sommes pas capables d'afficher une ligne budgétaire, nous n'existons pas", a expliqué Pierre Pasdermadjian.

  • Ânes du Cotentin.

Éric Rousseaux, président de l'UPRA des races mulassières du Poitou, devient aussi le président de la SFET. Il a précisé que cette nouvelle structure devait rester très légère. Le Conseil d'administration est composé de 12 membres, 4 pour chacune des trois fédérations.

Une petite structure avec de gros dossiers en perspective.

"Nous devons trouver des solutions à toutes les problématiques liées au transfert de l'étalonnage vers le privé. Il y a aussi les échographies, l'identification. Comment est-ce que tout cela va s'organiser ?", a lancé Jean-Louis Cannelle en guise d'avertissement à la petite SFET qui sait déjà qu'elle aura du pain sur la planche et plus d'un os à ronger avant même d'avoir atteint l'âge adulte.

Remplis d'admiration, comme c'est toujours le cas à l'occasion d'une nouvelle naissance, nous attendons déjà les prochains bulletins scolaires de la petite SFET pour savoir comment se passe sa croissance. Nous serions tellement déçus d'apprendre que la SFET a mal tourné !

  • Traits bretons.

Bon courage et bonne SFET à tous !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense que france trait qui a fait un gros travail pour la filiere depuis de longue annees vas se retrouver minoritaire dans cette nouvelle structure avec pourtant le plus grand nombre de chevaux et d elevages ,l association des chevaux de territoires vient juste de se creer ils sont tous justes structurés ( pas de bilan pas d action sur le terrain pas de logos ...)
j espere que france trait avec son experience vas etre le moteur de la sfet
eric bordas

Brigitte Guillaume a dit…

Les parents ont-ils déposé une liste de cadeaux pour la naissance du bébé?

Anonyme a dit…

Il fallait faire cette société avec les deux autres fédérations. Nous n'avions pas le choix pour pouvoir avancer face à la nouvelle société mère SHF dans laquelle nous ne pouvions entrer. Oui, FT sera le moteur car oui l'expérience compte et je ne laisserais une domination prendre le dessus car c'est à trois que nous avancerons et ferons face aux nouvelles gouvernances qui s'installent. Comptez sur ma détermination pour travailler en collectif, pour le collectif et donc pour les éleveurs.
Merci Jean, d'avoir été temoin de cette naissance (sans forceps)mais sous péridurale!!! tu est un peu son parrain et merci aux ardennais de nous avoir fournis le salle d'accouchement!
Vive la SFET et vive FT
Pierre Pasdermadjian