samedi 31 janvier 2015

Coup D'Froid Sur Le Percheron



En cette fin janvier 2015, la race percheronne vient de prendre un sérieux coup de froid. Quand le percheron s'enrhume, tout le monde tousse...







Élevage Bernard Boblet
Le Verger
61130 Origny-le-Butin
02.33.73.04.56.
06.22.27.46.55.

vendredi 30 janvier 2015

Réflexions Percheronnes


Le cheval percheron [et tous les chevaux de trait] auquel on a retiré récemment ses béquilles en lui enjoignant de se tenir debout tout seul s'apparente à un malade qui sent ses forces le quitter.

Dans une telle situation, la famille au grand complet est au chevet du malade ! Toute la famille. La SHPF, les Syndicats départementaux, France Trait, la SFET, l'IFCE, les Régions (Basse-Normandie, Centre, Pays de la Loire), les Conseils généraux, le Parc naturel régional du Perche, Trait normand, les Associations d'attelage, les Associations et Fédérations d'utilisateurs.
Quelle grande et belle famille.
Bien trop grande, en fait, pour être d'une quelconque efficacité. Tout le monde s'y perd. Qui est qui ? Qui fait quoi ? Qui veut bien travailler avec qui ?
L'unité de façade devant le malade, le cheval percheron, cache un embrouillamini inextricable où chacun se préoccupe peu de jouer collectif. Les discussions des uns et des autres pompent toutes les énergies sans qu'il en sorte vraiment quelque chose de simple et applicable équitablement à tous. Recherche perpétuelle de financements, réunions à répétition, montages de dossiers... lassitude et découragement gagnent du terrain.

Pendant ce temps-là, le cheval percheron, celui des 50 cantons, celui qui -il y a un peu plus d'un siècle- faisait converger vers le Perche les acheteurs de tous les continents, se sent bien seul. En dépit des attentions multiples de sa grande et belle famille...


jeudi 29 janvier 2015

44, 48, 49 Ou 50 ?

Parlons "cantons",
Cantons percherons.

Voltaire par Rosa Bonheur (Coll. SHPF).

Voltaire 443 à Ernest Perriot, vainqueur en 1884 du 1er Concours national percheron à Nogent-le-Rotrou, Eure-et-Loir.

Combien étaient-ils ces cantons ? À l'origine.
L'origine, c'est en 1883. Quand les éleveurs percherons du Perche, sérieusement aiguillonnés et même bousculés par les "acheteurs" américains -au premier rang desquels Mark W. Dunham et James H. Sanders-, se sont décidés sous la pression à fonder la Société hippique percheronne avec Michel Fardouet pour président et à ouvrir le stud-book percheron avec à sa tête Charles Aveline.

Tomes 1-2 du stud-book percheron, 1884 (Coll. SHPF).

En 1884, publiée comme on le voit sur le document ci-dessus dans les tomes 1 et 2 du stud-book percheron, cette liste arrêtée le 8 mars 1884 fait clairement état des... 44 cantons qui composent le berceau de race.
En consultant tous les écrits, nombreux, relatifs au cheval percheron, publiés fin 19ème et début 20ème, on constate que les auteurs ne sont pas vraiment d'accord sur le nombre de cantons composant le berceau d'origine qui, selon les textes, s'établit à 44, 48, 49, ou 50.

Dans L'élevage du cheval en France publié en 1917, René Musset parle des... 49 cantons, comme on le voit en légende de cette carte.

Romulus 873 (785) à monsieur Caget, exporté aux États-Unis en 1879 par Mark W. Dunham (Collection personnelle)


Le Larousse agricole, en 1921, y va aussi de sa présentation percheronne. 49 cantons, nous dit-il.

"Les chevaux nés dans les quarante-neuf cantons formant l'ancienne province du Perche ont seuls le droit d'être inscrits au Stud-Book tenu par la Société hippique percheronne. Mais si la production du percheron est limitée aux pays que nous venons de décrire, l'élevage déborde sur toutes les contrées avoisinantes, notamment sur la Mayenne, la Beauce, l'Orléanais et l'Ile-de-France".


Dans sa thèse intitulée La race chevaline percheronne, publiée en 1930, le docteur vétérinaire Jean Thibault fait état des 50 cantons percherons (voir ci-dessus).

44, 48, 49 ou 50, au travers de ces chiffres cités par différentes sources, on comprend que les premières années de la SHP et du stud-book percheron ont dû faire l'objet de plusieurs ajustements pour arriver après quelques années à un berceau de race définitif.
En consultant la liste des 44 cantons et celle des 50, on découvre les cantons qui ont été rajoutés après 1884. Dans l'Orne, La Ferté-Fresnel, Exmes, Vimoutiers, Gacé ; en Eure-et-Loir, La Ferté-Vidame ; dans la Sarthe, Fresnay-sur-Sarthe. Dans ce dernier département, on peut penser que le canton La Petite-Châtre est le même que le canton La Chartre-sur-le-Loir évoqué dans les années suivantes.

En regardant les noms des chevaux de cette époque, on peut être étonné de voir un numéro suivre le nom du cheval puis, dans certains cas, un second numéro entre parenthèses. Ces quelques lignes des tomes 1-2 du stud-book percheron vous livrent l'explication.


Pour conclure ce sujet stud-book, voici la carte des 50 cantons adoptés comme berceau de race quelques années après la création du stud-book percheron. Carte publiée en 1921 dans l'Agriculture Nouvelle.



mercredi 28 janvier 2015

Entre Perche & Beauce


"Le cheval agricole en Beauce aux 19ème et 20ème siècles".
Souvenez-vous, nous vous avions annoncé cette conférence de Julien Bélivier à la Maison de la Beauce à Orgères-en-Beauce, Eure-et-Loir. C'était l'année dernière, en décembre. Nous doutant que vous seriez trop occupés avec la préparation des fêtes de fin d'année pour suivre cet événement culturel percheron, nous avons assisté à cette conférence de manière à pouvoir vous en toucher quelques mots.

Le conférencier, d'abord. Julien Bélivier, l'homme de paroles puisque c'est lui qui a traduit en mots, devant un auditoire nombreux, un travail collectif réalisé
avec Nicolle Arnault (Professeur de écoles - Maître formateur) et Marie-Christine Marinval (Enseignante-chercheuse en archéologie environnementale à l'Université Paris I - Panthéon-Sorbonne). Soulignons que cette recherche a été menée dans le cadre de la valorisation de la « Collection Dufour », une importante collection agricole beauceronne acquise par la Communauté de Commune de la Plaine du Nord Loiret, et en partenariat avec l’association « Dans les Ouches » du Canton d’Outarville.


Julien Bélivier ? Mais si, certains d'entre vous l'ont bien connu. Il y a quelques années, on le voyait sur la plupart des événements liés au cheval percheron et aux chevaux de trait. De ses pérégrinations dans les pas des chevaux de trait, Julien a bâti un mémoire de 126 pages. Un travail supervisé par Bernadette Lizet, directrice de recherche au Muséum national d'Histoire naturelle et auteure bien connue, ainsi que par Michel Streith, chercheur au laboratoire Dynamiques sociales et Recomposition des territoires. Le titre de ce mémoire : La relance du cheval de trait en France (1972-2010). Avec un sous-titre : Le statut d'un animal en question.

En Beauce - Des chevaux à l'abreuvoir (Coll. Étienne Petitclerc).

Les temps forts de cette conférence sur le cheval agricole en Beauce avaient pour thèmes : le cheval de labour, le cheval agricole, les métiers autour du cheval et le cheval membre de la famille.
Impossible de faire en quelques lignes un résumé de cette conférence qui a captivé l'auditoire pendant une heure et demie. On peut cependant mettre en exergue quelques dates qui ont marqué l'histoire de la Beauce et du cheval de travail.

En Beauce - Laboureur (Coll. Étienne Petitclerc).

En Beauce - Une moissonneuse-lieuse (Coll. Patrice Biget).

1850 : premières trépigneuses, les batteuses à plan incliné .
1860 : premières batteuses entraînées par des machines à vapeur.
1870 : apparition des charrues à brabant double et début du fauchage des blés mécanisé avec l'arrivée de la faucheuse et de la lieuse.


Au cours de cette conférence, Julien Bélivier a bien évidemment raconté le cheminement si particulier des chevaux percherons entre Perche et Beauce au milieu du 19ème siècle. Pour cela, il a fait référence au premier auteur percheron de renommée internationale, Charles du Haÿs, qui a publié en 1866 Le Cheval percheron [traduit aux États-Unis dans les années 1880]. Un ouvrage de référence incontournable dont voici quelques extraits du chapitre intitulé Conditions de l'élevage qui concernent le percheron et la Beauce.

"Nous savons comment les sexes sont répartis dans le Perche : une partie de la province fait naître, l'autre partie élève ce que celle-ci a produit. (...) la jument est saillie chaque année. Stérile, elle est vendue et passe dans les services publics, si ce défaut persiste. (...).
À cinq ou six mois, le poulain est sevré brusquement et vendu. (...).
Conduit dans les plaines fertiles de l'intérieur vers Mauves, Le Pin, Regmalard, Corbon, Longny, Réveillon, Courgeron, Saint-Langis, Villiers, Courgeoust, etc., il reste un an improductif. (...)
Somme toute il est assez pauvrement alimenté avec le son, l'herbe ou le foin qu'on lui donne. (...)
Mais patience, son temps le plus dur est passé ; le travail va bientôt améliorer son sort. Il arrive ainsi à quinze ou dix-huit mois. (...) À cet âge, il est soumis au travail. Docile de sa nature, entre les mains d'un homme toujours patient et doux, son dressage est généralement facile. Appliqué aux travaux de la ferme, il laboure, ou bien il est employé au charroi. (...) Placé en tête de deux bœufs ou associé à trois de ses compagnons, il laboure et n'est jamais excédé de travail. 
Alors, il est beaucoup mieux nourri, beaucoup mieux soigné. (...)
À peine aura-t-il trois ans que le fermier beauceron viendra l'acheter pour le mener soulever les terres meubles et douces de la Beauce."

En Beauce - Le retour des champs (Coll. Étienne Petitclerc).

"Ce dernier habite un pays d'une richesse proverbiale. (...)
Arrivé en Beauce, à trois ans, il est soumis à un rude travail. Le labour est facile, mais il y en a tant à faire !... Il faut qu'il aille vite, les terres sont fort étendues et il faut semer !... Semer et récolter. Ces deux mots résument l'agriculture beauceronne. Autrement dit : labours et charrois. Pour le cheval, le tout doit être fait promptement et à grands pas. (...)
Quelquefois, il succombe à la tâche : la mortalité est assez grande en ce pays. Mais aussi, ce qui résiste, après un semblable entraînement, offre bien des garanties au marchand qui l'achète, pour le faire passer aux services accélérés et aux omnibus, s'il y est propre, ou aux travaux de terrassements, aux bâtisses, aux charrettes de Paris, s'il appartient à la race trait. (...)"

Transports à Paris - Omnibus à deux chevaux (Coll. Patrice Biget).

"Avant d'être consacré à son service définitif, il est donc passé par quatre mains : toutes ont partagé les bonnes et mauvaises chances de son élevage. (...)
Aussi, parfaitement nourri, et exercé dès le jeune âge, le percheron a toujours été le premier cheval de trait du monde..."

Julien Bélivier / Communauté de communes de la Plaine du Nord Loiret (CCPNL)
Chargé de promotion du patrimoine.
Valorisation de la collection Dufour sur l'histoire de l'agriculture et de la Beauce.
02.38.39.60.38.

Association « Dans les Ouches » du Canton d’Outarville