mercredi 2 novembre 2016

La Pêche Aux Moules



Il  y a de cela quelques jours, nous avions décidé de faire une coupure dans notre agenda percheron, chargé, pour aller à la pêche aux moules sur les côtes de la Manche.
Vous ne connaissiez pas notre passion pour la pêche aux moules ?
De ce pays de mytiliculture qu'est Agon-Coutainville, nous étions en train de vous adresser une carte postale quand notre attention fut attirée par une cavalerie qui, pour n'être pas en déroute, n'en était pas moins hétéroclite.

Vue à distance, cette troupe nous a fait penser à une de ces migrations barbares qui ont émaillé l'histoire de notre vieille Europe. Ostrogoths, Wisigoths, ou autres ? De quels Goths cette horde était-elle faite ?
Craintifs à la vue de cette bande qui s'approchait de nous au pas lent des chevaux, nous avons mis nos affaires -appareil photo, sac à main, bijoux- en sécurité. Nous fumes quelque peu rassurés en constatant que ces présumés barbares avaient intégré dans leur vie sociale le concept de parité. La troupe semblait en effet composée d'un nombre égal d'hommes et de femmes. En revanche, en matière de descendance, ils avaient semble-t-il quelques carences.

Originaires d'un pays où le cheval fut roi, il y un siècle, nous avons tout de suite remarqué que cette cavalerie aux allures inquiétantes était composée de chevaux d'espèces solides pour une part, et de chevaux d'espèces menues pour l'autre. Cela ne nous fut d'aucune aide pour déterminer l'origine géographique de ce peuple migrant que nous imaginions d'humeur belliqueuse.

Nous approchant à pas mesurés et nous encourageant mutuellement à coups de "Ben vas-y, toi !", nous avons tenté d'établir un contact, le geste suppléant l'échange impossible de paroles. À notre grande surprise, notre gestuelle improvisée a bien fait rire la troupe. "Nous sommes de la Sarthe et de quelques départements proches", nous a expliqué d'une façon lapidaire l'un des hommes chevauchant un cheval blanc grisonnant de belle allure. Alors que la cavalerie s'élançait sur la plage dans un galop effréné, un gaillard longiligne -peut-être le chef de la bande- sur un cheval bai très énergique, nous a lancé : "C'est la marée basse, profitez-en pour aller à la pêche aux moules !".

Renonçant à nos envies de pêche aux moules, nous avons piteusement regagné notre voiture et pris la route du retour. À la radio, on commentait le démantèlement de la jungle de Calais et la dispersion des migrants vers une multitude de lieux d'accueil sur tout le territoire français.
















1 commentaire:

Brigitte Guillaume a dit…

Bravo Jean-Léo, grâce à ce magnifique reportage, tu as réussi à casser le "moule", en nous démontrant que quelque part, nous sommes tous des migrants...
Je savais bien que les Sarthois avaient l'esprit au large !
Par contre, la migration de la carte postale aura quand même mis 11 ans avant d'arriver à bon port... Elle avait dû être oubliée dans un Centre... ?